Metamorphosis « Vie et art : une inscitation douce à la redistribution »

zoran-pejic-sat


(Proposition d’une exposition de photographies de l’artiste Zoran Pejic)

L’Atelier Metamorphose, est l’un des sept, parfois huit, ateliers de différents profils organisés dans un hôpital public français.
Ces ateliers se déroulent au sein de l’unité psychiatrique pour adolescents en traitement de jour. 

Dans l’atelier dirigé par l’artiste, le peintre, et selon le programme intitulé « Esquisses », des séances sont organisées tout au long de l’année scolaire, une fois par semaine, pendant deux heures. Avant et après chaque séance, une réunion se tient en présence de l’artiste, d’une infirmière (présente pendant toute la séance), d’un psychiatre ou d’un psychologue responsable de l’atelier (présent pendant deux demi-heures), avec la participation occasionelle d’un stagiaire. 

Lors de ces réunions, le médecin informe l’équipe de l’état de santé des patients, ensuite l’artiste propose un plan de travail, et à la fin l’équipe constitue un rapport commun sur la methode de travail et les résultats obtenus. Dans son approche avec les patients l’artiste tient compte des détails de leur traitement tandis que l’équipe médicale exerce avec la conviction que le travail ludique et créatif des patients peut être d’une grande utilité pour une approche médicale scientifique.

Les séances quotidiennes des ateliers sont ouvertes aux jeunes de 11 à 20 ans. Ils y assitent régulièrement, même durant les périodes de crise occasionnelles où ils sont hospitalisés. Pour eux ces séances sont une sorte d’invitation à s’amuser et à s’exprimer librement, et s’y appliquent, par conséquant, de leur propre gré.

Il convient de noter qu’une abondance de matériaux nouveaux et usés, de tissus, de papier, de pièces détachées, de déchets divers, est mise à leur disposition pour une transformation idéale. Il s’agit d’un assemblage méticuleux de divers objets et matériaux, suivi de près par l’artiste qui propose discrètement ses suggestions sur la façon de travailler, afin que les patients composent leur masque corporel. Il s’agit en réalité de la recherche d’une personne aimée, détestée, ridiculisée… parfois même conditionnée par la maladie.

C’est un jeu de transformation d’une personne réelle ou imaginaire désirée en une personnalité publique aimée, que ce soit un athlète, un héros de film, de bande dessinée ou de musique. La transformation peut être portée également sur un objet intime, un animal… dont la forme et le sens sont déterminés en fonction des plaisirs et des douleurs les plus intimes des patients.

Le choix des objets et des matériaux pour cette transformation en « quelque chose d’autre » se déroule sous le contrôle et la collaboration discrète de l’artiste, du chef d’atelier, et du technicien de service. 

Il convient de souligner que, grâce à son riche parcours créatif le chef de l’atelier lui a permis de constituer une réserve d’un grand nombre d’objets, de déchets d’objets et de matériaux soigneusement sélectionnés et accumulés qui sont mis à la disposition des
patients dans l’atelier de l’hôpital. La diversité et la vivacité de ces objets et matériaux, parfois recyclés à partir de déchets, est offerte aux jeunes patients comme une invitation à s’amuser: ils n’ont qu’à s’apporocher de cet arbre de Noël géant et de se server librement de ces cadeaux improbables.

Au début de la séance un thème leur est proposé et il servira du fil conducteur de leur transformation en personnalités ou en objets, réels et imaginaires, qu’ils aimeraient être. Si la mode peut être considérée comme une seconde nature, capable de contribuer à la
compréhension de nous-mêmes et de nos actions, alors la transformation à laquelle les jeunes patients se livrent en construisant leur masque, en s’habillant en dehors de toutes les habitudes vestimentaires, règles… n’est pas en relation avec la variation des normes vestimentaires sociales. 

La transformation leur sert à se transformer en personnalités idéalisées, des creatures ou des êtres qui personifient leurs désirs, leurs ambition ou bien suscitent de la peur… tout cela dans le but de se tourner vers leur propre personnalité, et s’exprimant librement à travers l’animosité, la sympathie, les idéaux. Les patients à la fin parviennent à la transformation complète de leur apparence physique.

Le résultat durable de ce travail est la photographie de leur « déguisement final », leur masque complet.  Les photographies, prises avec une connaissance intime du processus, ont été réalisées par le responsable de l’atelier, un artiste visuel, et sont exposées non
seulement comme un document significatif de l’expression subjective des patients, mais aussi comme le résultat d’une grande valeur artistique.

Prof Ljubomir Gligorijevic

Note : Hôpital public de Pontoise, banlieue nord de Paris.

2012 – 2014  L’Atelier métamorphose, a été créé dans le cadre de projet RAGA financé par le Fonds d’expérimentation sociale du ministère de la jeunesse. L’ARESS / Fondation Maison des sciences de l’homme était chargé de l’évolution de projet.

2020 – 2022  L’Аtelier Мétamorphose était financé par la fondation de Rothschild

2012 – 2022  L’Atelier Métamorphose a fonctionné au sein du programme L’Esquisse à l’Hôpital de jour, René-Dubos à Pontoise.

L’Art digital de Métamorphose: Ivan D. Milijić 

Animation d’ateliers Métamorphose et la photographie: Zoran S. Pejić